La révélation, vendredi 4 avril par Le Devoir, de la décision du ministre de l’Éducation d’abandonner le projet de rénovation et de vendre le bâtiment de l’École FACE* pour des raisons budgétaires, a surpris et suscité de vives réactions; par exemple, une pétition sur le site de l’Assemblée nationale a recueilli plus de 10 000 signatures en deux semaines !
Celles-ci illustrent le fort attachement collectif à cette école, tant son programme pédagogique centré sur les arts, unique au pays, qu’au bâtiment de l’ancien Montreal High School dessiné par les frères Maxwell et inauguré en 1914, qui l’accueille depuis 1975 avec ses centaines d’élèves du primaire et secondaire, francophones et anglophones.
Héritage Montréal a été interpelé par de nombreux membres, parents et citoyens devant cette situation déplorable et le manque d’information justifiant cette décision, hormis le chiffre de 375M$ estimé pour cette opération planifiée de longue date.
A quoi correspond ce montant impressionnant ? A-t-on vraiment cherché à réduire les coûts en adaptant le programme et les normes scolaires à ce bâtiment patrimonial plutôt que de les lui imposer à grand frais ?
Par ailleurs, cette école est une propriété du gouvernement du Québec qui l’a incluse dans le site patrimonial déclaré du Mont-Royal décrété en mars 2005. Elle est donc protégée par le gouvernement, incluant le ministère de l’Éducation qui ne semble pas conscient de cette responsabilité. Cette incohérence rappelle les constats de la Vérificatrice générale du Québec dans son audit de 2020 sur la protection et la valorisation du patrimoine immobilier.
Enfin, on peut craindre que l’abandon et la mise en vente de cet édifice, outre son impact sur l’avenir de F.A.C.E., n’ajoute au nombre de bâtiments publics ou institutionnels désaffectés. L’espoir de voir le marché immobilier résoudre le défi de sauvegarder ce bâtiment patrimonial, y compris certains espaces intérieurs dont le remarquable auditorium, fait fi de sa capacité réelle de réaliser autant de requalifications d’envergure à court terme. Bref, le meilleur usage pour cet édifice patrimonial protégé reste celui d’une école.
Héritage Montréal demande donc que cette décision soit suspendue et que les architectes et autres professionnels au dossier soient dûment mandatés pour identifier des moyens de réduire les coûts du projet, y compris en adaptant le programme et les normes au bâti patrimonial.
(*) F.A.C.E. pour Formation artistique au cœur de l’éducation / Fine Arts Core Education
1 commentaire
Autrefois, les anciens disaient : …« si tu veux te débarrasser de ton chien, tu dis qu’il a la rage ». Remise au goût de notre patrimoine, on peut reprendre cette phrase aujourd’hui en disant : …« Si tu veux te débarrasser de ton bâtiment, tu surveilles si un petit caillou tombe et si c’est le cas, tu enrubannes l’édifice dans de vastes filets qui font craindre au bon peuple que l’effondrement est imminent » !
Notre société ne sait plus entretenir ses biens immobiliers. Un simple entretien en continu peut prolonger la vie d’un édifice très longtemps.
Notre société ne valorise pas nos vieux édifices. Elle les infantilise; comme pour les vieux, dans les structures d’accueil, à qui on met des couches parce qu’ils ne sont pas assez vite pour se rendre aux toilettes !