Alors que les visites Au cœur de la métropole vous feront découvrir le centre-ville de Montréal ce printemps, découvrez dans cet article une des institutions culturelles les plus connues de Montréal, le Musée des beaux-arts (MBAM).
Le MBAM a créé une véritable cité muséale sur la rue Sherbrooke, comprenant plusieurs pavillons autour du bâtiment original de 1912. Conçu par les architectes Edward et W.S. Maxwell, le pavillon de style Beaux-arts envoie un message clair, il s’agit d’un édifice important : un monument à la culture.
L’Art Association of Montreal
L’Art Association of Montreal, un groupe de collectionneurs d’art du Mille carré (Square Mile) fondé en 1860, fait construire une galerie d’art ouverte au public au square Phillips en 1879. En 1910, lorsque l’édifice devient trop petit pour leurs activités, ils achètent un terrain sur la rue Sherbrooke au coin nord-ouest de ce qui est aujourd’hui l’avenue du Musée et invitent trois firmes d’architectes montréalaises à participer au concours pour la construction du bâtiment.
Les architectes Edward et W.S. Maxwell remportent le concours et conçoivent un édifice simple et élégant mais fidèle au style Beaux-arts (symétrie et éléments classiques). Le choix du marbre blanc du Vermont est une affirmation claire de la part de l’Art Association : la nouvelle galerie deviendra un édifice important.
Avec la conception imposante de l’entrée, l’entrée dans le musée devient un acte délibéré. Le visiteur monte un grand escalier, traverse une colonnade classique et des portes massives. À l’intérieur, dans le hall d’entrée, le marbre (le même que celui utilisé à l’extérieur pour le sol) est le matériau dominant.
Depuis le hall d’entrée, les visiteurs du musée empruntent un imposant escalier pour accéder aux galeries dans les étages. Le plan des espaces d’exposition est symétrique, comme le dictent les principes du style Beaux-Arts. Le langage Beaux-Arts est alors très en vogue en Amérique du Nord, il est également utilisé par les architectes Shepley, Rutan et Coolidge pour l’Art Institute of Chicago de 1893.
L’Art Association comprend des hommes d’affaires fortunés du Square Mile comme Sir William Van Horne, James Ross, Sir George Drummond, Richard B. Angus et Charles Hosmer, qui étaient tous de fervents collectionneurs d’art. En plus de contribuer financièrement au musée, ils font également don d’œuvres d’art.
À son ouverture en 1912, le musée est l’une des institutions qui va transformer la rue Sherbrooke au tournant du XXe siècle. À l’est, l’église presbytérienne Erskine a d’abord été achevée en 1894 ; à l’ouest, l’église Saint-Andrew et Saint-Paul est construite plus tard, en 1932. La construction de l’hôtel Ritz-Carlton en 1912 a également marqué l’abandon des maisons unifamiliales comme type de bâtiment dominant sur la rue Sherbrooke, accentué ensuite par l’ajout d’immeubles d’appartements comme les appartements Château en 1926.
Le Musée des beaux-arts – Les pavillons Michal et Renata Hornstein et Liliane et David M. Stewart
Le bâtiment du musée lui-même a été modifié à plusieurs reprises, principalement pour créer un espace d’exposition pour une collection qui s’agrandit. L’aile Norton, une extension conçue par les architectes Fetherstonhaugh & Durnford, a été ajoutée en 1939. Vu du Musée, cet ajout se fond presque parfaitement avec l’original.
En 1949, l’Art Association a officiellement changé le nom de l’institution pour celui de Musée des beaux-arts de Montréal, afin de refléter l’éventail plus large de sa collection croissante d’arts décoratifs, au-delà de la peinture et de la sculpture.
En 1976, Fred Lebensold, partenaire chez Arcop Associates, conçoit un pavillon moderniste en béton pour le musée, immédiatement au nord de l’extension de 1939 et relié à celle-ci. Après avoir été rénové à l’intérieur en 2012, le pavillon Stewart abrite désormais l’extraordinaire collection d’art décoratif et de design.
Le pavillon Jean-Noël Desmarais
Poussé par le besoin de créer un nouvel espace d’exposition à la fin des années 1980, le Musée envisage de s’agrandir en construisant sur le côté sud de la rue Sherbrooke, entre les rues Crescent et Bishop. Le concept initial proposé par l’architecte Moshe Safdie impliquait la démolition de l’immeuble d’habitation du New Sherbrooke de 1905, situé sur la moitié ouest du bloc. Face à une forte opposition à ce projet, deux alternatives ont été proposées aux consultations publiques – l’option retenue conserve ainsi les façades de l’immeuble d’habitation. Le projet, achevé en 1991, comprend trois éléments : le New Sherbrooke réaménagé, le pavillon d’entrée et un pavillon situé au sud de la ruelle entre Crescent et Bishop.
L’arche monumentale destinée à faire contrepoint au caractère de la rue Sherbrooke n’a jamais eu autant de succès que l’entrée du bâtiment de 1912. Le choix du même marbre blanc du Vermont comme revêtement du pavillon Desmarais a cependant permis d’établir une conversation entre les deux bâtiments.
Un tunnel sous la rue Sherbrooke relie le pavillon Desmarais au bâtiment original ; le nouveau bâtiment devient ainsi le point d’entrée unique du Musée nouvellement agrandi. En 1999, les architectes Provencher Roy ont soigneusement inséré un système d’ascenseurs et d’escaliers dans le coin sud-est du bâtiment de 1912, améliorant ainsi son accessibilité.
Pavillon Claire et Marc Bougie pour les arts du Québec et du Canada
L’église presbytérienne Erskine a été conçue en 1894 par l’un des architectes les plus réputés de Montréal, Alexander Cowper Hutchison. La robuste église est construite en pierre calcaire de Montréal avec des insertions de grès de Miramichi. Elle correspond au style roman “Richardsonien”, d’après l’architecte de Chicago H. H. Richardson. À la suite d’une fusion avec l’American United Church en 1934, l’intérieur de l’église a été entièrement rénové par Nobbs & Hyde en 1938 puis connue par la suite sous le nom d’Erskine and American Church.
Classée site historique national en 1998, l’église a été achetée par le Musée en 2008 et requalifiée en salle de concert au sein du pavillon Claire et Marc Bourgie, achevé en 2011. Dix-huit remarquables vitraux de Louis Comfort Tiffany ont été restaurés dans le cadre de ce projet.
Intégrée à l’arrière de l’église (sur le site de l’ancienne annexe de la salle paroissiale), une galerie résolument contemporaine de six étages abrite la collection d’art québécois et canadien. Les architectes du pavillon Bourgie, Provencher Roy, ont choisi de revêtir cette galerie du même marbre du Vermont que celui des pavillons Desmarais et Hornstein, mais avec une particularité. Les dalles de marbre ont été coupées et accrochées à la structure dans la même orientation qu’elles apparaissaient dans la carrière.
Le tunnel sous la rue Sherbrooke a été prolongé pour se connecter au pavillon Bourgie, créant un passage à la fois inattendu et un large espace pour l’art contemporain.
Jardin de sculptures et installations sur l’avenue du Musée
Surmontant habilement une frustration liée à l’emplacement en coin qui existait depuis la construction du pavillon original de 1912 – à savoir l’incapacité d’aménager un paysage autour du bâtiment – le premier jardin de sculptures sur l’avenue du Musée a été créé en 2004 sur l’étroite bande d’espace gazonné adjacente au trottoir. Après l’achèvement du pavillon Bourgie en 2011, la Ville de Montréal, en collaboration avec le Musée, a conçu un jardin de sculptures qui entoure l’ancienne Erskine and American Church.
Depuis 2012, l’avenue du Musée est fermée à son intersection avec la rue Sherbrooke pour l’été et les architectes paysagistes et designers sont invités à créer une installation. Ludiques, colorées et intrigantes pour les passants, ces installations renforcent l’idée d’une cité muséale.
La maison Mabel Burnette Pangman au 3430, avenue du Musée
Bien qu’elle ne soit pas un espace public, la belle maison du Square Mile en briques rouges conçue par les architectes Findlay & McGregor en 1907 fait partie du quartier du musée. Achetée par le musée en 1947, la maison fut dédiée à l’école d’art du musée, puis réaménagée en bureaux administratifs.
Le pavillon Michal et Renata Horstein pour la paix
Le “cinquième pavillon” est le résultat d’un concours d’architecture organisé en 2013 et remporté par le consortium formé par l’Atelier TAG et Jodoin Lamarre Pratte. Le volume de verre et d’aluminium de 2016 est conçu comme une version différente d’un musée – un lien avec la communauté plutôt qu’avec les galeries d’art exclusivement. Les deux niveaux inférieurs sont des espaces d’éducation et d’art-thérapie, les niveaux supérieurs sont consacrés aux expositions. La nuit, le pavillon illumine la rue.
Nous vous invitons à consulter notre blogue prochainement pour d’autres articles et vidéos sur le centre-ville de Montréal !
Rédaction par Nancy Dunton. Remerciement à Bruce McNiven.