Depuis 75 ans en 2024, le 8 novembre est célébré comme la Journée mondiale de l’urbanisme, suite à la proposition du professeur Carlos Maria Della Paolera de l’Université de Buenos Aires en Argentine.
À Montréal, comme ailleurs, la planification et la régulation des villes et des quartiers, cet habitat des sociétés humaines, sont des sujets anciens qui ont un lien avec le patrimoine. En témoigne l’historique du Vieux-Montréal et de ses abords, le tracé de ses voies publiques, les choix d’y implanter des fonctions collectives, les règles sur le cadre bâti ou encore l’aménagement de l’emprise dégagée par la démolition des fortifications — le Plan des commissaires (1801) — ou des exercices pionniers comme la consultation publique de 1985-1986 qui mena au Vieux-Port que nous connaissons aujourd’hui. On pense aussi à des ensembles planifiés comme le plan original de Griffintown (1805), la Cité de Maisonneuve, les villes modèles de Ville-Mont-Royal ou de Hampstead, la Cité-jardin du Tricentenaire, l’avenue McGill College, le quartier Norvik de Saint-Laurent, le site d’Expo 67 ou l’ensemble Angus, à Rosemont.
Depuis les années 1970, on réalise combien la sauvegarde et la valorisation du patrimoine dans un contexte montréalais et métropolitain demandent à s’appuyer sur des visions, des instruments et des règlements d’urbanisme qui ne traitent pas le patrimoine comme un accessoire d’intérêt marginal. À Montréal, malgré une prise de conscience collective après des démolitions comme celle de la maison Van Horne en 1973, il faudra attendre l’arrivée de l’administration du maire Jean Doré pour avoir un premier Plan d’urbanisme en 1992, et 2012 (20 ans plus tard !) pour avoir un Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD).
On perçoit souvent l’urbanisme par le biais des règlements et leurs contraintes ou des aménagements et de l’embellissement qu’ils apportent. Or, l’urbanisme consiste d’abord à se donner une vision cohérente d’avenir pour un territoire, sans oublier la prise en compte, le maintien ou la requalification de l’existant et, tout particulièrement, du patrimoine. À ce chapitre, l’année 2024 est marquée par deux exercices majeurs, à savoir la consultation de la Ville de Montréal sur le projet très attendu de Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) et celle de la Communauté métropolitaine sur le projet de révision du PMAD.
À lire : Ce guide pédagogique produit par l'OCPM se veut un outil de vulgarisation afin d'aider les citoyens à mieux comprendre le Plan d'urbanisme et à faciliter leur participation aux démarches d'aménagement qui le modifient. En plus d'expliquer le Plan et ce qu’on y retrouve, ce document clarifie la relation entre le Plan d’urbanisme et les autres plans, programmes et politiques de la Ville de Montréal.
Pour Héritage Montréal, un urbanisme cohérent et éclairé sur l’histoire de la ville est une condition clé du futur du patrimoine bâti, urbain et paysager, tant pour sa protection que pour sa mise en valeur et sa requalification. Mais le risque demeure que le patrimoine soit perçu de manière accessoire, sous-estimant sa contribution à l’identité et à la qualité du milieu de vie, mais aussi à l’économie et à la transition écologique de la métropole culturelle. Et ce, malgré les bonnes intentions. La question est de savoir si l’urbanisme comprend le patrimoine.
Héritage Montréal œuvre pour que l’urbanisme comprenne bien le patrimoine et les paysages avec leurs évolutions et leurs défis actuels et qu’il propose une vision et des mesures concrètes autres que réglementaires, telles qu’une stratégie transitoire ou une fiscalité incitative.
Bonne 75 ᵉ Journée mondiale de l’urbanisme !
Couverture : Plan of the Town and Fortifications of Montreal or Ville Marie in Canada, 1758. Source : Archives de la Ville de Montréal. CA M001 BM005-3-D03-P005.