Joëlle Perron-Oddo occupe le poste de Coordonnatrice aux activités depuis trois ans chez Héritage Montréal. De retour ce mois-ci de son congé de maternité, elle nous parle de son poste, de ses aspirations pour nos programmes éducatifs et de ses souvenirs en architecture et patrimoine, et bien plus… Bon retour Joëlle!
Héritage Montréal et toi
Peux-tu te présenter rapidement (tes études, ton parcours…)?
J’ai commencé mes études universitaires en journalisme. Je rêvais de rendre compte du monde entier et d’être une nouvelle version féminine (et féministe!) d’Albert Londres. Suite à une grave blessure, j’ai pris une pause et j’ai décidé de changer de domaine d’études afin de mieux décoder le monde mais cette fois-ci à travers les œuvres d’art. J’ai travaillé dans le milieu muséal pendant mes études de maîtrise en Histoire de l’art avant d’intégrer l’équipe des programmes éducatifs chez Héritage Montréal.

En quoi consiste ton travail? Une journée “typique” chez Héritage Montréal?
Mon poste a beaucoup évolué en trois ans et chaque journée comporte de nouveaux défis ! Mon rôle est multiple et je porte plusieurs chapeaux : recherche, rédaction, formation et encadrement des guides et des bénévoles, gestion logistique, entrevues avec les médias pour nos visites guidées, conférences… dans une même semaine, je peux être amenée à faire tout ça !
Qu’est-ce qui t’a inspiré à rejoindre Héritage Montréal?
Je suis d’abord devenue guide bénévole parce que je voulais partager ma passion pour la Ville et ma sensibilité à ce qui nous entoure. J’ai rejoint l’équipe permanente 3 ans plus tard pour mettre à profit mes idées autour de la démocratie culturelle et de la mise en valeur du patrimoine dans l’esprit d’améliorer la qualité de vie des citoyens. La mission d’Héritage Montréal fait écho à mes valeurs.
Quel est ton circuit préféré des ArchitecTours?
J’ai adoré notre circuit dans Mercier présenté dans le cadre de notre série sur l’architecture résidentielle Les maisons montréalaises. Il était audacieux d’aller se promener autour de la station de métro Cadillac, un endroit inusité pour de nombreux participants des visites ArchitecTours. Cette visite était hétéroclite et surprenante : on parcourait les rues développées au début du 20e siècle autour du noyau paroissial de Notre-Dame-des-Victoires, traversait la rue Sherbrooke pour admirer l’étonnante architecture du Sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs et de l’ancien Hôpital Grace Dart avant d’explorer un lot de bungalows des années 1950-1960.

Quelles activités ou contenus aimerais-tu créer à Héritage Montréal?
J’aimerais beaucoup développer des activités de médiation culturelle basés sur la participation citoyenne, la collaboration et même la création collective. Il est important des partager notre expertise mais aussi d’être à l’écoute des citoyens qui vivent dans la ville. Qu’est-ce qui fait vibrer les résidents des quartiers de Montréal et les villes des alentours ? Comment les enfants du primaire perçoivent leur école et leur environnement ? Comment les néo-montréalais peuvent s’approprier leur milieu de vie ? Le patrimoine est une chose de tête, mais aussi de cœur ! C’est lié à l’histoire, mais aussi à la vraie vie d’aujourd’hui. J’aime beaucoup cette approche empruntée aux nouvelles approches de médiation culturelles dans les Musées.
Montréal et toi
Quel est l’édifice que tu aimes le plus dans ton quartier?
Je suis né dans la Petite-Patrie et j’y ai passé la plus grande partie de ma vie. J’aimais beaucoup passer devant l’église Saint-Ambroise qui est très particulière avec son campanile qui me rappelle l’Italie et l’icône dorée dans son Tympan qui captive l’œil. Œuvre de l’architecte Ernest Cormier, c’est un petit bijou pour le quartier malgré l’allure de courte-pointe de sa façade en briques. Aussi, j’ai vu des bâtiments qui m’étaient familiers se transformer au fil du temps comme les ateliers municipaux de Rosemont dont certaines parties ont été intégrées à la Bibliothèque Marc-Favreau de l’architecte Dan Hanganu.
Depuis 2 ans j’habite dans le Vieux-Longueuil. J’aime beaucoup le parc Saint-Marc qui donne une vue sur les bâtiments vénérables de la rue Saint-Charles, sur l’église anglicane St. Mark et sur l’ancien hôtel de ville et la caserne de pompiers. Il y a un projet de revitalisation de l’église et du parc en cours de réflexion. Ce sera intéressant de suivre cela de près dans les prochaines années.

Si tu devais habiter dans un autre quartier de Montréal, ce serait lequel et pourquoi?
J’aimerais bien habiter dans Pointe-Saint-Charles. Le militantisme de ses résidents m’inspire. Et j’aime beaucoup les maisons en rangée de la rue Ash.
La ville, l’ailleurs
Pour toi quels sont les enjeux actuels de la ville et comment vois-tu la ville du futur ou la ville idéale?
Pour les enjeux, l’accessibilité aux logements, la place des piétons, l’accès au Fleuve et aux grands parcs.
Dans ma ville idéale, il y aurait plus de place pour les promeneurs, moins d’individualisme, plus de parcs, plus de rencontres humaines, moins de voitures, plus de beauté.
Quelles villes conseilles-tu de visiter (en dehors de Montréal)?
Chicago : J’adore cette ville du Mid-West américain que j’ai eu la chance de visiter quelques fois. Je conseille évidemment de se promener dans le majestueux Grand Park qui inclut Millennium Park, espace vert dédié à la musique et à la culture inauguré en 2004 et aménagé au-dessus de voies ferrées. J’apprécie beaucoup également le Cultural Center dont le dôme est spectaculaire et accessible au public. J’encourage aussi de sortir des sentiers battus pour découvrir le quartier Pilsen. C’est un coin résidentiel qui était d’abord habité par les immigrants Tchèques à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, on y retrouve de nombreux commerces tenus par des Chicagoans d’origine mexicaine et le Musée national d’art mexicain.
Le patrimoine et toi
Quel est ton premier souvenir relié à l’architecture ou au patrimoine ?
J’ai eu la chance de voyager plusieurs fois en Europe avec mes parents. Quand j’avais 11 ans, nous avons fait une tournée des châteaux de la Loire. Je me rappelle avoir été impressionnée par l’immensité du Château de Chambord, subjuguée par l’élégance du Château de Chenonceau qui enjambe une rivière, charmée par la façade du château de Cheverny qui a inspiré le Moulinssart de Tintin, émerveillée par la mise en scène des jardins français… À cet âge, j’expérimentais le patrimoine sans le nommer, de façon émotive et pas du tout intellectuelle. Des années plus tard que je me rends compte que mon amour pour l’Histoire de l’art et l’architecture est sûrement né de ces voyages.
As-tu un film sur l’architecture, l’histoire, l’urbanisme ou le patrimoine à conseiller?
J’ai découvert l’émission Montréal docs – Les documentaires d’une époque diffusé à MaTV qui me permet de voir un grand éventail de documentaires sur Montréal. Le film Dimanche d’Amérique (1961) de Gilles Carle m’a permis de voir le développement de la Petite Italie et la vie communautaire active autour du Marché Jean-Talon et de l’église de la Defensa.
Et enfin, dis-nous quelque chose sur toi que tes collègues d’HM ne savent pas ????
Je joue du Violoncelle depuis l’école primaire. J’ai eu la chance de fréquenter l’école publique Le Plateau qui a un programme de musique assez exceptionnel et de poursuivre mon apprentissage à Vincen-D’Indy. Le temps me manque ces temps-ci, mais je ressors mon violoncelle une fois de temps en temps, pour les grandes festivités en famille.