C’est avec tristesse et gratitude que nous avons appris qu’après plus de 15 ans à la présidence de la Table de concertation du Mont-Royal (TCRM), M. Claude Corbo ne reconduirait pas son mandat. M. Corbo est surtout connu pour avoir été Recteur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) de 1986 à 1996 et de 2008 à 2013 et pour avoir rédigé plusieurs ouvrages sur l’éducation et la politique au Québec. En parallèle de sa fructueuse carrière académique, il a également fait beaucoup pour Montréal et pour le patrimoine. Il a notamment œuvré en tant que commissaire à temps partiel à l’OCPM et il a présidé en 2004 une consultation sur la charte montréalaise des droits et responsabilités. Il a été membre du comité expert sur l’avenir des immeubles désaffectés CHUM/CUSM en 2013-2014 et il est aussi co-auteur du rapport Courchesne-Corbo sur la gestion du patrimoine immobilier, publié en 2016 dans le cadre du renouvellement de la politique culturelle. M. Corbo, qui aura présidé 100 rencontres de la TCMR, a ainsi énormément contribué à la défense du Mont-Royal et du patrimoine national. Nous souhaitions nous entretenir avec lui pour faire le point sur son expérience, discuter de l’importance du patrimoine, mais aussi pour lui rendre hommage.
M. Corbo, vous avez été à la barre de la Table de concertation du Mont-Royal (TCMR) pendant plus de 15 ans. Comment décririez-vous cette table? Quels sont sa nature, son rôle, son utilité? Quelles ont été selon vous ses meilleures réalisations depuis votre arrivée et pourquoi?
À la lumière de mon expérience, il y a une première manière de répondre à la question de la nature de la Table de concertation du Mont-Royal (TCMR) qui consiste à la définir comme un instrument de la communauté montréalaise (c’est-à-dire les institutions sises sur la montagne et les groupes associatifs intéressés par cette dernière) et des instances municipales ayant juridiction sur la montagne. Ainsi définie, la Table a pour raison d’être de concourir à une meilleure protection, à une meilleure mise en valeur et à une meilleure gestion du Site patrimonial du Mont Royal. Son utilité première réside dans son existence même, c’est-à-dire de favoriser la concertation sur des enjeux liés au mont Royal.
Au delà de cette définition conceptuelle, je peux aussi dire que la TCMR est une expérience vivante d’action collective qui repose sur la volonté, régulièrement réitérée de ses membres, de continuer à travailler ensemble pour le bénéfice de la montagne qui est un bien d’intérêt commun pour toutes les Montréalaises et pour tous les Montréalais actuels et aussi des prochaines générations. Si elle a été créée par une décision du Comité exécutif de la ville de Montréal, elle a vécu et continue à vivre et à produire des gains pour la montagne grâce à l’engagement durable de ses membres.
Et je dis encore que la Table est l’incarnation actuelle d’une volonté déjà ancienne de servir le bien de la montagne emblématique de Montréal qui a débuté en 1876 par l’inauguration du Parc du Mont-Royal conçu par Frederick Law Olmsted, grâce à l’expropriation d’un terrain par la Ville de Montréal. Cette volonté initiale n’est pas qu’un événement historique; elle est portée à sa manière par la TCMR. La Table est donc une réalité à multiples dimensions.
La TCMR a plusieurs réalisations à son actif depuis 2005: plus de 50 consensus sur différents enjeux concernant le mont Royal, un Plan de protection et de Mise en Valeur de la montagne, l’encouragement à la mise au point d’énoncés d’intérêt patrimonial des propriétés institutionnelles, le soutien à la réalisation du Parc du troisième sommet et du chemin de ceinture, le développement d’une réflexion poussée sur des enjeux tels l’accessibilité à la montagne, la présentation de l’information sur le site patrimonial. Outre cela, la Table a été un lieu de partage de préoccupations, de visions, de vocabulaires, un lieu de familiarisation et de meilleure compréhension réciproque des sensibilités propres aux trois catégories de membres qu’elle rassemble, un lieu de développement de vocabulaire commun et d’une réflexion commune et partagée, un cadre de partage de connaissances et d’expériences en matière de patrimoine.
Et, plus fondamentalement encore, la Table a permis le développement d’un sens de notre responsabilité partagée pour la préservation d’un héritage dont nous sommes simplement les fiduciaires, et non les propriétaires, et ce, pour le bénéfice des générations futures. Je souhaite que, dans cinquante ou cent ans, nos descendants puissent dire qu’au début du XXIe siècle, Montréal a institué et fait vivre un instrument qui a joué un rôle décisif, pour leur bénéfice, dans la protection, la préservation et la mise en valeur du Mont-Royal qui leur a été transmis.
Et au-delà des bons coups, quels seraient selon vous les enseignements à retenir de cette expérience?
Deux enseignements, me semble-t-il, ressortent de l’expérience de la TCMR.
Le premier est le plus évident. Il a été possible d’asseoir et de garder autour d’une même table des membres pouvant avoir des visions, des ambitions, des aspirations, des volontés différentes, et de les faire travailler ensemble à la protection d’une réalité d’intérêt commun qui les interpelle et les dépasse à la fois. Cela ne fait pas disparaître, comme par enchantement, la diversité des intérêts. Mais cela permet de diminuer la méfiance réciproque ou les incompréhensions, cela permet de se parler de manière décrispée, cela aide souvent à arrondir des angles trop aigus, cela permet parfois même de trouver des solutions insoupçonnées au départ et de réaliser des projets satisfaisants pour les uns et les autres. Cela rappelle, en particulier, que la montagne n’appartient à personne, si ce n’est à la communauté, celle de Montréal bien sûr, mais aussi celle du Québec, parce qu’elle est protégée par un décret du gouvernement du Québec, et aussi à la communauté humaine de manière plus générale, celle qui est représentée notamment par les touristes qui ne manquent pas de s’y rendre à l’occasion d’un passage ici. D’ailleurs, la volonté largement partagée à la TCMR et par des élus de faire un jour inscrire le mont Royal au répertoire du patrimoine mondial de l’UNESCO illustre qu’il s’agit d’un bien patrimonial dont la valeur dépasse de beaucoup les frontières politiques qui se trouvent à le circonscrire.
“La montagne n’appartient à personne, si ce n’est à la communauté, celle de Montréal bien sûr, mais aussi celle du Québec (…)”
Claude corbo
Le deuxième enseignement qui ressort, à mes yeux, de l’expérience de la TCMR concerne notre rapport au passé. Cela dépasse largement le cas du mont Royal. Les générations de responsables politiques et institutionnels qui nous ont précédés ont réalisé, sur le mont Royal, à la lumière de leurs conceptions du monde, des aménagements avec lesquels nous ne sommes souvent pas d’accord. Devant cet état de choses, il nous faut d’abord résister à la tentation de la condamnation ex-cathedra. D’une part, les générations du passé ne peuvent être tenues coupables de ne pas avoir eu ou appliqué des idées qui se sont développées après leur passage en ce monde et dont nous pouvons nous-mêmes nous inspirer. Il est aussi bien périlleux de juger sans appel le passé à la lumière de nos normes actuelles qui, dans certains cas, sont tout de même récentes et parfois même vivement contestées par une partie de nos contemporains Ces normes doivent servir à notre conduite, pas à faire le procès des générations antérieures. D’autre part, nous avons intérêt, pour notre gouverne, d’être conscients de la réelle possibilité que nous soyons nous-mêmes un jour sévèrement jugés par nos descendants, pour certaines de nos idées et pour certains de nos comportements. À titre d’exemple de cette possibilité, on peut évoquer le sort tragique vécu par un trop grand nombre de nos aînés du fait de la COVID-19: cet état de choses, eu égard à notre comportement collectif envers nos aînés, devrait nous inciter à une certaine humilité. Cela dit, l’expérience de la TCMR montre qu’il est possible, non de refaire totalement le passé, ce qui est le plus souvent impossible, mais d’apporter des changements à des choses que nous jugeons mal faites ou de développer des aménagements qui nous apparaissent meilleurs à la lumière d’idées qui faisaient défaut à nos prédécesseurs. Par rapport au passé, y incluant celui du mont Royal, nous devons identifier ce qui peut être corrigé, nous devons avoir le courage et la détermination de le faire, nous devons aussi être prudents et très bien réfléchis dans nos interventions, si nous ne voulons pas mériter, de la part des prochaines générations, le même genre de blâmes ou de critiques que nous adressons volontiers aux générations anciennes.
La TCMR a été créée en 2005 au lendemain de la déclaration du site du Mont-Royal. En quoi cette déclaration est-elle fondamentale dans l’histoire du patrimoine à Montréal et au Québec?
La reconnaissance du site patrimonial du Mont-Royal par le décret 190-2005 du gouvernement du Québec, en 2005, est un développement fondamental dans l’histoire du patrimoine à Montréal et ce, pour plusieurs raisons. En premier lieu, cette reconnaissance prend le relais, de manière certainement plus musclée, d’une action déjà engagée par la Ville de Montréal pour donner un statut au mont Royal en 1987 par la création du « Site du patrimoine du Mont-Royal». En second lieu, cette reconnaissance consacre un patrimoine multidimensionnel: il s’agit d’un patrimoine à la fois naturel et construit, un patrimoine vivant à la fois matériel et culturel. Cela était une première au Québec. En troisième lieu, cette décision, par un décret du gouvernement, engage tous les ministères et tous les organismes publics relevant de ce gouvernement. Je puis témoigner personnellement que cela a déjà été signifié très clairement à un ministre de la Santé et à un ministre de l’Éducation du Québec à l’intention de leurs réseaux institutionnels respectifs. Je pense que la Ville de Montréal pourrait périodiquement formuler un pareil rappel aux titulaires successifs futurs de ces deux puissants et omniprésents ministères. Enfin, à ce jour, le statut de site patrimonial a bien servi la protection et la préservation du mont Royal, malgré la diversité des intérêts qui cohabitent sur la montagne, malgré la complexité inhérente à la gestion d’un lieu qui doit être protégé mais que nous ne pouvons placer sous une cloche de verre. Dans ces conditions, l’expérience du site patrimonial du mont Royal peut être instructive pour la protection et la mise en valeur du patrimoine ailleurs.
Outre le Mont-Royal, vous vous êtes aussi intéressé au patrimoine de manière plus large. Vous avez d’ailleurs participé en 2016 à la rédaction du Rapport Corbo-Courchesne sur la gouvernance du patrimoine. Pourquoi avoir investi autant dans la défense du patrimoine?
Le patrimoine, en général, me préoccupe beaucoup et j’ai, en effet, beaucoup investi dans sa défense. J’ai eu le privilège de présider en 2013 un groupe de travail du ministre de la Culture sur l’avenir des musées qui sont des agents particulièrement importants et essentiels de protection, de préservation et de mise en valeur de composantes de différentes catégories de patrimoines. En 2014, pour la ministre de la Culture, j’ai travaillé sur la concertation et le partenariat entre les quatre grands musées régis par une loi de l’Assemblée nationale du Québec. En 2015, avec madame Michelle Courchesne, j’ai préparé un rapport sur l’avenir de la Bibliothèque Saint-Sulpice de Montréal. Et, en 2016, madame Courchesne et moi avons fait de nouveau équipe et préparé un rapport à la ministre de la Culture sur la gouvernance du patrimoine immobilier.
Plusieurs raisons m’attachent à la défense et à la promotion du patrimoine, particulièrement immobilier. Il y a d’abord des raisons que je qualifie volontiers, et sans connotation péjorative, de «matérialistes».
La première raison matérialiste est que nombre d’édifices patrimoniaux, particulièrement des édifices de propriété ou d’usage public, ont été bien et solidement construits et, moyennant un entretien approprié, peuvent servir pendant encore de nombreuses années et pour de multiples générations à venir. Si nous vivons dans un temps de consommation effrénée, d’obsolescence planifiée des objets, d’appétit débridé de changement incessant pour le changement, nous devons nous souvenir que les générations qui nous ont précédé s’inspiraient d’autres valeurs et cherchaient à construire des immeubles devant durer longtemps. Ces générations nous ont légué beaucoup de tels immeubles, qu’il s’agisse d’immeubles gouvernementaux, religieux, scolaires, culturels ou autres. Ces immeubles peuvent encore servir longtemps si, je le répète, on les entretient de manière appropriée. D’ailleurs, entre investir pour le bon entretien d’un immeuble patrimonial à vocation publique, qui souvent appartient déjà à l’État ou à des organismes publics, afin de le rendre apte à loger des services gouvernementaux tout en le conservant comme propriété publique, ou payer, pendant des années, des loyers à un propriétaire privé pour occuper des espaces dans un édifice quelconque qui vieillira rapidement et sera remplacé par un autre sans plus de caractère, et sans gain durable pour la propriété de la collectivité, je soumets avec conviction qu’il vaut infiniment mieux, à court et à long terme, investir dans des immeubles patrimoniaux qui serviront à loger des services gouvernementaux ou publics et qui demeureront durablement propriété de la collectivité. Dans cet ordre d’idées, je trouve intolérable, scandaleux et indécent que l’État québécois laisse vacants pendant des années, au risque de les condamner à une lente dégradation, des immeubles patrimoniaux, construits à même des fonds publics ou des fonds de la collectivité, qui pourraient encore longtemps servir. Un cas particulièrement pathétique est celui de la magnifique Bibliothèque Saint-Sulpice de Montréal dont on ne sait que faire depuis 2005, malgré des projets très valables mis de l’avant dans le sillage du rapport soumis par madame Courchesne et moi-même en décembre 2015.
La deuxième raison «matérialiste» est que le patrimoine, notamment immobilier, constitue un puissant produit d’appel pour l’industrie touristique. Des dizaines, sinon des centaines de millions de touristes, envahissent sans merci (sauf en temps de pandémie, évidemment) des pays à travers le monde pour visiter des immeubles de tous genres qui ont un caractère patrimonial. Édifices religieux, châteaux militaires ou d’agrément, sites archéologiques d’immeubles de l’Antiquité, stades sportifs inusités ou spectaculaires, palais royaux ou impériaux, théâtres ou maisons d’opéra, villages pittoresques, villes anciennes toujours vivntes ou mortes, constructions utilitaires comme des barrages ou des aqueducs, tours alliant les soucis décoratifs et les soucis utilitaires, gares ferroviaires, mausolées et cimetières, voilà autant de patrimoines immobiliers que nombre de pays entretiennent soigneusement parce qu’ils font venir des touristes en grand nombre et tout disposés à laisser d’abondantes ressources financières dans le pays d’accueil. Deux sources alimentent l’industrie touristique : la nature et la culture des pays. Le Québec est bien pourvu en sites naturels; il a aussi une culture originale, dont le patrimoine, immobilier et autre; il faut bien entretenir les deux pour soutenir notre industrie touristique, dont les revenus irriguent directement ou indirectement tous les secteurs de l’économie. Dans ces conditions, nous avons tout intérêt à conserver jalousement ce que nous avons de patrimoine, notamment immobilier, et suivre en cela l’exemple de très nombreux pays.
Mais mon attachement au patrimoine, particulièrement immobilier, répond aussi à des raisons non-matérialistes.
Le patrimoine a la grande vertu de nous dire qui nous sommes et de contribuer à notre identité comme nation. Toute l’histoire du Québec est illustrée par un ensemble d’immeubles patrimoniaux publics et privés. J’aime citer la Place d’Armes de Montréal. On y trouve le vieux Séminaire Saint-Sulpice de Montréal datant du XVIIe siècle et de la colonie française, la basilique Notre-Dame-de-Montréal construite pendant la première moitié du XIXe siècle pour témoigner de la force du catholicisme dans une colonie d’un pays protestant, l’édifice de style classique de la Banque de Montréal, datant de la même époque et illustrant la puissance de la bourgeoisie d’affaires d’origine britannique, des édifices à bureaux datant de la deuxième moitié du même siècle où se font jour des influences architecturales de divers pays, l’édifice de style Art Déco Aldred construit entre les deux Guerres mondiales, l’édifice de style international de la Banque nationale témoin du Québec des années de la Révolution tranquille.
et le Vieux-Séminaire Saint-Sulpice.
Photos : Héritage Montréal
En fait, que ce soit dans les villes principales, c’est-à-dire Montréal et Québec, ou ailleurs sur le territoire, le patrimoine immobilier québécois résume non seulement l’histoire, mais également la variété des conditions et des influences politiques, économiques, religieuses et culturelles qui ont traversé son parcours historique et façonné son identité : celle de la France royale d’Ancien Régime, celle de la Grande Bretagne impériale depuis la Conquête de 1760 jusqu’à la Première Guerre mondiale, celle des États-Unis expansionnistes et capitalistes depuis la même époque. De plus, la multiplicité des traditions religieuses au Québec se reflète dans l’architecture à la fois des lieux de culte et des institutions de santé et d’éducation liées aux Églises. En somme, le patrimoine, particulièrement immobilier, après la langue française est certainement une composante majeure de l’identité québécoise et cela vaut non seulement pour les immeubles à vocation publique, mais aussi pour l’habitat, depuis la maison de l’époque de la Nouvelle-France jusqu’à celles des banlieues qui présentent nombre de ressemblances avec leurs homologues des États-Unis. Dans le cas de Montréal, il s’agit d’une ville nord-américaine, mais pas états-unienne ni même canadienne, où il subsiste pourtant des héritages européens, français et britanniques en particulier, mais pas uniquement. La préservation et la mise en valeur du patrimoine immobilier, partout au Québec, est essentielle à l’appropriation par les plus jeunes générations d’une identité qui est propre au Québec et qui assure des repères et une appropriation de soi dans un monde soumis à de très fortes forces d’homogénéisation culturelle qui dissolvent l’identité originaire des personnes.
“Le patrimoine, particulièrement immobilier, après la langue française est certainement une composante majeure de l’identité québécoise (…)”
Claude Corbo
Le patrimoine immobilier a aussi la grande vertu d’enraciner dans une continuité historique qui rappelle à chaque génération qu’elle est à la fois héritière de celles qui l’ont précédée et relai prolongé par les générations suivantes. Les styles successifs de construction immobilière instruisent à la fois sur la capacité plus ou moins grande d’invention et d’innovation de chaque génération et sur la variabilité des goûts dans le temps. De plus, en enracinant de la sorte chaque génération dans la continuité historique et les ruptures qui la marquent de temps à autre, le patrimoine immobilier tisse des liens entre les générations. Ainsi, en regardant des immeubles anciens, on est invité au souvenir de ces ouvriers anonymes, menuisiers, charpentiers, maçons et autres, qui ont édifié ces immeubles en y mettant leur savoir-faire, leur énergie et aussi assurément leur goût du «bel ouvrage bien faite». De ces anonymes de l’histoire, les seules traces qui subsistent sont celles que résument les immeubles qu’ils ont construits. Préserver le patrimoine immobilier qui mérite de l’être –et il y en a encore une quantité importante — c’est non seulement rendre l’hommage dû par les héritiers à ceux qui ont constitué l’héritage, c’est aussi affirmer que leur travail n’a pas été totalement vain ni oublié et qu’il peut demeurer utile pour des générations successives. Cela est un acte de respect et de solidarité humaine. Le patrimoine immobilier, comme le patrimoine en général, incarne les efforts, les rêves, les aspirations, les volontés de la génération qui l’a constituée. Le laisser se perdre, c’est, pour la génération qui témoigne d’une telle insouciance, inviter les générations suivantes à la traiter de la même manière. Dans un monde en quête de repères et de sens, la solidarité entre les générations, notamment par le moyen de la préservation et de la mise en valeur des patrimoines, immobilier et autre, aide à conquérir le sens de la continuité et c’est se donner des repères.
Pour terminer, qu’aimeriez-vous dire à Héritage Montréal et à ses membres?
Depuis plus de quarante ans, Héritage Montréal a joué un rôle capital pour la protection, la préservation et la mise en valeur du patrimoine de Montréal. Ce rôle doit impérativement se poursuivre et je souhaite vivement que tel soit le cas.
Nous remercions chaleureusement M. Claude Corbo pour son implication dans la défense du patrimoine Québecois, et bien sûr pour ses réponses à nos questions.