Nous avons rencontré Octavio Salcedo, menuisier-charpentier dans son atelier. Quand il n’est pas sur un chantier ou en consultation, c’est là qu’il travaille. Entouré d’outils modernes et électriques, mais aussi d’outils manuels, il nous donne quelques conseils de rénovation, avant de le rencontrer en février prochain pour nos Leçons sur la rénovation.
Pouvez-vous commencer par nous parler de votre parcours ?
C’est un processus assez long pour devenir menuisier-charpentier. La première chose importante, c’est d’avoir le gout du métier. J’avais un excellent ébéniste avec moi, c’est plus ou moins la façon dont on apprend. Après j’ai développé mes propres habilités et j’ai fait des cours aussi pour devenir maître.
Est-ce que vous avez une spécialisation ?
Je suis charpentier-menuisier maitre compagnon formé au Québec. Il faut faire un minimum de 6000 heures d’apprentissage avant de subir des examens d’évaluation de compétences. On obtient ensuite une licence de compagnon.
Trouvez-vous que beaucoup de jeunes s’intéressent aux métiers de l’artisanat ?
Malheureusement non. L’ébénisterie, dernièrement, c’est un art mort. Je dirais aux jeunes pour essayer, de connecter les intérêts du moment, par exemple un bon design, avec la volonté de faire les choses soi-même.
Quels sont les problèmes principaux rencontrés par vos clients ?
Le climat et l’entretien. Aujourd’hui, il y a une rotation de propriétaires, on reste juste quelques années dans une maison, et probablement qu’on n’a pas le temps de voir les particularités du bâtiment ou de faire de l’entretien. Le manque d’entretien est donc un problème majeur.
Quels conseils de rénovation donneriez-vous aux propriétaires?
Le premier, c’est que parfois c’est incroyable, juste une couche de peinture peut faire une différence énorme! Le deuxième, savoir où placer les coupe-froids. On a toujours tendance à vouloir se protéger du froid mais il faut seller juste l’intérieur pour laisser respirer le bois extérieur et éviter la condensation.
Le dernier, savoir quand et à qui demander de l’aide et de quel budget on dispose. Parfois on a des plans ambitieux, mais probablement que tous les éléments de la maison ne sont pas dans les mêmes conditions. Il faut essayer de faire des petits projets d’année en année, en commençant par ce qui est urgent.
Le manque de connaissance, parfois, est une limitation. Les cours d’Héritage Montréal sont très positifs en ce sens-là.
Octavio salcedo
Comment intégrez-vous le développement durable à votre pratique ?
On utilise des pièces de bois assemblées, pour faire de grandes pièces, mais de moindre épaisseur. Ça veut dire qu’on utilise des arbres plus petits, de deuxième ou troisième croissance. Contrairement à ce qu’on faisait dans le passé, où on se servait de bois de première croissance, d’arbres d’une centaine d’années. On utilise aussi des espèces locales.
Il faut toujours respecter le style du bâtiment, surtout son architecture originale. Je pense que l’idéal, c’est de faire une bonne recherche pour voir si les éléments ont déjà été changés pour retourner vers quelque chose de proche à ce qu’on avait.
octavio salcedo
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Ce serait idéal de pouvoir avoir de l’argent qui ne vienne pas juste du client. Le patrimoine, on espère qu’il va durer, alors la plupart des propriétaires ne seront plus là quand le bâtiment va continuer d’exister. Ce serait idéal d’avoir des aides du gouvernement ou d’association. Ça aiderait plus de propriétaires à faire des rénovations et ça bénéficierait à la conservation de l’immeuble, sur le long terme. C’est la responsabilité de la communauté et de la société.
Pour en savoir plus, venez rencontrer Octavio Salcedo lors de notre leçon “Portes, fenêtres et boiseries extérieures”, les 22 et 24 février 2021 . Cliquez ici pour vous inscrire.
Nous remercions Octavio Salcedo de nous avoir permis de réaliser cette entrevue ainsi que la séance photo.
Toutes les photos sont de Vivien Gaumand.
Merci à notre partenaire majeur
Héritage Montréal est fier partenaire de la Ville de Montréal.