Cette nouvelle catégorie de billets vous fera découvrir nos rôles au sein de l’organisme et nos coups de coeur personnels. Taïka Baillargeon a rejoint Héritage Montréal le 6 avril 2020. Son rôle de Directrice adjointe des politiques l’amène à collaborer au suivi des dossiers de protection et valorisation du patrimoine sur le territoire de la grande région métropolitaine de Montréal, avec notre directeur des politiques Dinu Bumbaru. Elle accompagne également notre coordonnatrice aux communications dans la création de contenu.
Héritage Montréal et toi
Peux-tu te présenter rapidement (tes études, ton parcours…)?
Je suis un peu une femme à tout faire, mais version « culturelle ». J’ai fait un baccalauréat en Littérature française, puis une maitrise en Littérature comparée avant de faire un doctorat en Études urbaines, suivi d’un postdoctorat en Géographie. Ça peut sembler éparpillé, mais il y a toujours eu un fil conducteur : l’histoire des idées et la mémoire des lieux. Ce parcours transdisciplinaire m’est très cher et c’est justement lui qui m’a mené vers l’étude des villes et de ses composantes. La ville est l’objet le plus complexe et le plus riche, au croisement de tout ce qui touche l’humain, qui m’est eu donné de croiser dans ma vie. D’où, sans doute, l’amour que je lui porte.
Qu’est-ce qui t’a inspiré à rejoindre Héritage Montréal?
J’ai fait une partie de mes études en Europe et quand je suis revenue au Québec, je me suis tout de suite impliquée auprès d’Héritage Montréal comme bénévole. Ce que j’aime de cet organisme, c’est sa volonté de rendre le patrimoine accessible et de faire un pont entre la mobilisation citoyenne et la gestion du patrimoine. Le patrimoine nous semble bien trop souvent hors de portée, en même temps, il est au cœur de nos pratiques quotidiennes. C’est bien plus qu’une affaire de conservation de beaux ou d’anciens bâtiments, c’est un outil de mémoire collective et le témoin privilégié de la relation extraordinaire qui s’est construite à travers le temps entre le bâti et ceux qui l’habitent.
Quel est ton circuit préféré des ArchitecTours?
Pour moi, il n’y a aucun doute : la visite du Silo no 5 a été un gros, gros « must ». À l’époque je faisais un peu d’exploration urbaine et c’était vraiment difficile de visiter les Silos. Je me souviens aussi ma première rencontre avec Dinu. C’était en 2012 et le thème des ArchitecTours était : les noyaux villageois. Je crois qu’un bénévole avait eu un empêchement et Dinu faisait le tour du noyau villageois de Côte-des-Neiges. Dinu est vraiment un conteur formidable! Comme j’ai fait mes études littéraires à l’UdeM, je connais très bien le quartier, mais c’était vraiment une expérience formidable. Il nous avait notamment montré un appartement où s’étaient jadis réunis les membres du FLQ… ça m’avait marqué.
Montréal et toi
Si tu devais habiter dans un autre quartier de Montréal, ce serait lequel et pourquoi?
J’habite aujourd’hui une contrée peu lointaine de la grande région métropolitaine de Montréal. Ce qui me surprend encore tous les jours, même si j’y suis très bien. Mais si je devais habiter un quartier de Montréal, je vivrais à Saint-Henri. Saint-Henri est un quartier complexe, qui recèle de trésors urbains. C’est un quartier diversifié, scindé, stigmatisé, résilient, magnifique. J’aime profondément Saint-Henri. C’est probablement le quartier de Montréal où je me sens le plus chez moi.
Quel a été ton dernier coup de cœur pour un bâtiment/paysage à Montréal?
Hier après-midi, j’étais aux Forges de Montréal avec Mathieu Boisclair qui travaille avec nous et ce quartier, une dentelle d’autoroutes perdues, est absolument surréaliste! On y pénètre comme dans le ventre d’un Léviathan de béton. Et là, l’ancienne station de pompage Riverside résiste, résiliente, à la déconfiture du temps. Les forges ont su lui redonner beaucoup d’amour et c’est un endroit fabuleux. Quand on y pense, c’est un paysage tout à fait romantique!
Quel est (ou quels sont) le(s) prochain(s) lieu(x) que tu aimerais visiter à Montréal?
Cet été, j’aimerais prendre le temps de faire un grand tour de l’île. C’est Laure Barrachina, notre nouvelle directrice aux activités, qui m’en a donné l’idée. Même si je connais bien quelques secteurs excentrés de l’est de l’île, comme Rivière-des-Prairies ou Pointes-aux-Trembles, je connais encore très peu l’ouest de l’île, sauf peut-être Lachine, où mon conjoint fait beaucoup de Kitesurf et que je visite régulièrement avec ma famille. Même si Montréal n’est pas « une île, une ville », l’île est un tout et je trouve important de la connaître sous tout ses angles.
Quel est ton top 3 des villes à visiter (en dehors de Montréal)? As-tu des recommandations en particulier?
C’est une question TRÈS difficile parce que j’ai souvent aimé des villes qui ne sont pas faciles à visiter. Et quand on y pense, toutes les villes ont leur petit je ne sais quoi… Mais pour l’exercice, je dirais : Berlin, Rome et Rotterdam. Ce sont des villes très surprenantes pour des raisons différentes. Je n’ai pas de recommandation précise, sinon que : laissez votre cellulaire à la maison, achetez vous une carte de la ville à 2 euros, perdez-vous, soyez surpris et tombez amoureux!
Si tu devais vivre dans une ville autre que Montréal, ce serait laquelle et pourquoi?
Un autre choix TRÈS difficile… Montréal c’est un peu ma « maison familiale ». Si je poursuis l’analogie, je dirais que Saint-Bruno, où je vis actuellement, est ma « maison d’été ». Mais si je devais vivre ailleurs qu’ici, je vivrais volontiers dans une ville que je n’ai jamais visitée. C’est une expérience extraordinaire que de partir vivre dans une ville qu’on connaît peut ou pas.
Quel est ton premier souvenir relié à l’architecture ou au patrimoine?
Mes premiers souvenirs reliés à l’architecture sont tous des souvenirs de balades en voiture familiale. À 5 ou 6 ans, de la fenêtre arrière de notre Renault 5, le centre-ville de Montréal et les raffineries ont profondément marqué mon imaginaire. Ce sont deux paysages plus grands que nature et fort impressionnants : le centre-ville et ces gratte-ciel et les raffineries avec leur look de film post-apocalyptique des années 70.
As-tu un livre d’architecture, d’histoire, d’urbanisme ou de patrimoine à conseiller?
À mon sens, peu d’œuvres rendent hommage à la ville comme La Cité à travers l’histoire de Lewis Mumford. Mumford était journaliste, critique d’architecture autodidacte. Son regard était aussi beaucoup plus sensible que technique, même s’il a fait des recherches très poussées. Dans cet essai, qui tient parfois de la poésie, on passe de l’infiniment intime aux plus larges questions du monde urbain et rien ne saurait mieux correspondre à la complexité de la ville. Aussi étrange que cela puisse paraître, cet ouvrage m’a particulièrement plu pour la réflexion qu’il porte sur l’importance du matriarcat dans la forme urbaine néolithique. Je crois que de tous les temps il y a eu un habiter féminin et cet ouvrage nous appelle, probablement sans le vouloir, à la revalorisation de cet habiter.
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