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Montréal et ses établissements du savoir 

  • Taika Baillargeon
  • 22 juillet 2020
  • 2 commentaires
  • 10 minutes de lecture

Cette année, dans le cadre de nos ArchitecTours, Héritage Montréal propose un circuit portant sur l’architecture des lieux de savoir. Il s’agit là d’un sujet riche et complexe qui anime depuis longtemps nos réflexions chez Héritage Montréal. J’ai donc voulu partager avec vous une part de ses réflexions et pour ce faire, je me suis notamment entretenue avec Claudine Déom, professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal, responsable de la maîtrise en Conservation du patrimoine bâti et membre de notre comité Patrimoine et Aménagement. 

Les lieux de l’éducation et du savoir font partie intégrante de l’histoire de Montréal et contribuent de façon importante à l’identité de la ville et de ses quartiers. Ces lieux sont d’abord et avant tout très diversifiés, ce qui est synonyme d’une importante richesse historique et architecturale. 

Les grands ensembles religieux

On doit notamment cette richesse au fait que, dès la fondation de la ville, les institutions religieuses ont été responsables de l’enseignement. Quand on se réfère aux grands ensembles religieux de la métropole, on pense bien plus à la santé qu’à l’enseignement. Et pourtant, ces institutions ont souvent servi plus d’une fonction et plusieurs étaient notamment dédiées à l’enseignement. Pensons, par exemple, à l’Institut des Sourdes-Muettes, rue Saint-Denis ou au Monastère du Bon-Pasteur, rue Sherbrooke. Pour la plupart, ces anciens établissements n’ont plus une fonction d’enseignement aujourd’hui, mais quelques écoles et collèges, d’abord fondés par des communautés religieuses, continuent de servir à ces fins, comme l’école Villa-Maria ou le Collège Saint-Laurent.  

Institution des Sourdes-Muettes, un des lieux de savoir à Montréal
Institution des Sourdes-Muettes, vers 1910, © Musée McCord

Les universités

On ne peut évidemment pas parler d’un patrimoine du savoir à Montréal sans souligner la présence de quatre grands campus universitaires. Ces universités sont non seulement représentatives de la dualité linguistique qui caractérise les institutions publiques de Montréal au cours de son histoire, mais elles contribuent également au rayonnement et au dynamisme de la ville. L’Université McGill, fondée en 1821, est la première arrivée, son ampleur et sa localisation au pied de la montagne lui confère d’ores et déjà une importance indéniable dans le paysage montréalais. En 1876, l’Université Laval ouvre une succursale au cœur du Quartier Latin. Cette succursale gagnera peu à peu son autonomie pour devenir l’Université de Montréal, en 1920. À la fin des années 1920, l’architecte Ernest Cormier sera mandaté pour concevoir un nouvel édifice sur le flanc nord de la montagne. L’Université du Québec, viendra ensuite s’installer dans le Quartier Latin à la fin des années 1960, redonnant au secteur ses couleurs académiques. L’Université Concordia sera finalement fondée en 1974, de la fusion entre deux campus distincts : le Campus Sir Georges-Williams, qui rassemble plusieurs bâtiments à l’ouest du Centre-Ville et le Campus Loyola, un ensemble situé dans Notre-Dame-de-Grâce depuis 1916. 

On compte l'Université McGill parmi les lieux de savoir à Montréal
Campus de l’Université McGill, 1873-75. © McCord Museum. 

Les écoles de quartier 

Au tournant du XXe siècle, avec l’industrialisation et la croissance importante que connaît Montréal, la métropole se dote de nombreuses écoles de quartier. Ces écoles participent au développement des villes et des quartiers au même titre que les églises, bien que leur architecture soit plus modeste. Ces bâtiments restent d’abord fortement liés aux communautés religieuses présentes sur le territoire. Les années 60 sont toutefois marquées de bouleversements idéologiques majeurs au Québec, ce qui participe aussi à une transformation fondamentale des établissements du savoir et de l’architecture scolaire. Cette architecture évoluera au fil du temps, reflétant à la fois les changements de la société et l’évolution de la réflexion sur l’éducation. À preuve, dans les années 1960 et 1970, apparaîtront deux institutions uniques au Québec, soit les polyvalentes et les collèges d’enseignement général et professionnel (CÉGEP). Conçus pour accueillir un grand nombre d’étudiants et une variété de locaux d’enseignement technique, plusieurs de ces bâtiments sont conçus comme de vastes complexes. 

Quels sont les enjeux patrimoniaux des lieux de savoir à Montréal ? 

Lorsque l’on se penche sur les enjeux et les défis que pose la conservation de ce patrimoine, il est important de faire la distinction entre les grands ensembles et les écoles de quartier. En effet, comme le précise Claudine Déom, « La conservation d’un site composé de plusieurs bâtiments comme l’Institut des Sourdes-Muettes ne présente pas les mêmes enjeux que celle d’une école de quartier. »

L’enjeu qui entoure la réutilisation de ces ensembles n’est donc pas uniquement lié aux caractéristiques de l’architecture qui en faisaient autrefois un lieu du
savoir, mais aussi à l’intégration de nouvelles fonctions qui permettent au site de continuer à
fonctionner comme un site et à s’intégrer dans le territoire. L’exemple de la réhabilitation du monastère du Bon-Pasteur en est un bon exemple.  

Dans le cas des écoles dans les quartiers de Montréal, l’enjeu de la conservation est principalement lié à l’évolution de l’enseignement qui occasionne de nouveaux besoins en espace. « Au fil du temps, la pédagogie a changé: il y a moins d’élèves par classe et des services spécialisés sont apparus. De plus, en réponse à des transformations de la structure sociale et économique, des espaces pour les centres de petite enfance (CPE) et les services de garde font désormais partie des écoles. Voilà pourquoi nous pouvons constater de nombreux agrandissements aux écoles déjà existantes dont les superficies d’autrefois ne sont plus suffisantes. »

La conservation des écoles est aussi marquée par un autre enjeu de taille, soit celui de la qualité de l’air dans les bâtiments, un problème redevable à un déficit d’entretien chronique des infrastructures publiques. « Par contre, il faut rappeler que le déficit d’entretien des bâtiments n’est pas l’apanage des établissements scolaires. »  La question de l’état des lieux reste toutefois un problème majeur qui est largement décrié par les parents et les médias. En parallèle, les acteurs de la conservation du patrimoine s’inquiètent : « Il est tout à fait attendu que les parents soient inquiets de la qualité de l’air et de l’eau dans l’école que leur enfant fréquente au quotidien. Mais il faut que le réflexe de tout démolir pour enrayer le problème ne prenne pas le dessus. Plutôt, il est nécessaire de développer une culture de l’entretien régulier de nos bâtiments publics. » 

Cette question de l’entretien, chère à Héritage Montréal – voir notamment notre résolution 2020-03 -, est en effet incontournable. Certes, les structures et valeurs de la société québécoise ont changé au cours du siècle dernier; certes, les lieux du savoir jadis érigés ne sont plus parfaitement adaptés à notre vision de l’éducation. Mais faut-il pour autant viser des rénovations sans égard au patrimoine? Ou pire, des démolitions? La question s’est posée au début des années 2010, dans la foulée de ce qu’on pourrait appeler une crise du patrimoine scolaire, alors que deux écoles patrimoniales ont été démolies – l’école Baril, dans Hochelaga-Maisonneuve, et l’école Saint-Gérard, dans Villeray/Saint-Michel. 


Malgré nos considérations sincères pour la santé et la qualité de vie des citoyens et notamment des étudiants, il me semble néanmoins essentiel et même nécessaire de considérer et de préserver le déjà-là et ce, surtout dans le contexte de crise climatique qu’on connaît actuellement. Pour ce faire, il m’apparait nécessaire de développer de nouveaux réflexes quand il est question de patrimoine bâti : il faut d’abord mieux connaître et s’informer. Il faut encore comprendre les usages pour lesquels ces lieux ont été conçus et cerner les changements qui ont participé à fragiliser les lieux à travers le temps. À cet égard, il serait d’ailleurs pertinent de s’appliquer à mieux comprendre les méthodes de construction et le fin travail des artisans. Il faut finalement surtout intégrer la réflexion et même la nécessité de la préservation du patrimoine bâti dans les processus de restauration, de réhabilitation ou de requalification, et ce, en amont des projets. Il y aura toujours des démolitions, lorsque nécessaires, mais il serait ainsi peut-être possible de mieux préserver et même de célébrer les lieux et les savoirs faires qui sont au fondement de notre société. 

université de montréal, 2020, pierre lahoud

Entrevue avec Claudine Déom

Claudine Déom
Claudine Déom est professeure à l’École d’architecture depuis 2006 et responsable de l’option Conservation du patrimoine bâti de la maîtrise en Sciences appliquées Aménagement. Diplômée d’urbanisme (UQAM) puis d’histoire de l’art (M.A. UQAM), elle obtient en 2003 un doctorat en Histoire de l’art avec une thèse intitulée L’architecture des édifices municipaux des villes québécoises en région, 1870-1929. Elle poursuit actuellement des recherches en conservation du patrimoine dont les sujets s'articulent autour de la question de l'attribution des valeurs patrimoniales, en particulier celles des édifices publics. Elle est responsable des recherches effectuées en partenariat avec la Commission scolaire de Montréal (CSDM) à propos de la conservation de l’architecture des écoles. Claudine Déom s’intéresse également à l’histoire de la conservation au Canada depuis les années 1960.

Héritage Montréal: Quelles seraient les clés du succès pour la préservation de ce patrimoine? 

Claudine Déom: Ce que les acteurs du patrimoine souhaitent, c’est que la dimension patrimoniale soit incluse dans la prise de décisions au sujet des transformations au patrimoine. Quand j’ai commencé à collaborer avec le Centre de services de Montréal (jusqu’à tout récemment la Commission scolaire de Montréal) à des recherches sur le patrimoine scolaire, la préoccupation pour le patrimoine n’était pas très présente. Elle est désormais plus étendue. Il y a une sensibilité qui s’est créée pour le patrimoine chez les architectes et les ingénieurs qui s’occupent des écoles. Je crois que l’une des choses qui a aussi joué en la faveur de celle-ci, c’est l’information au sujet des aspects patrimoniaux des écoles. 

Quant aux grands ensembles comme celui des Sourdes-Muettes, ils ne pourront être réhabilités d’un coup! Il faut comprendre les bâtiments pour leur trouver des usages compatibles. Je crois que la connaissance du lieu, notamment par la réalisation de carnets de santé, doit être intégrée dans la réflexion dès le départ. Il faut aussi penser au phasage de la réhabilitation du site. Mais ça prend surtout reconnaissance des personnes qui font preuve de leadership en voulant transformer de tels sites parce qu’elles reconnaissent que leur positionnement dans la ville et leur étendue sont importants non seulement pour l’identité collective, mais aussi pour le développement social et économique de la ville. La réhabilitation des sites est une opération complexe, oui, mais elle se veut également une opportunité.   

Héritage Montréal: Quels sont les défis qui nous attendent dans la gestion de ce patrimoine?  

Claudine Déom: À très court terme, il faudra se pencher sur un ensemble d’écoles secondaires qui est problématique parce qu’il est en grande partie constitué de bâtiments construits dans les années 60 et 70 présentant des caractéristiques semblables et qui font en sorte qu’on les surnomme des bunkers : peu de fenêtres, murs en béton brut et une grande empreinte au sol à la manière des centres commerciaux. Cette architecture ne correspond plus à nos façons de faire contemporaines mais elle a néanmoins marqué une époque importante de l’histoire de l’architecture au Québec. Comment les adapterons-nous? Le cas de la polyvalente Louis-Joseph-Papineau, qui a été l’objet de beaucoup de doléances de la part des parents en raison de ses petites fenêtres, en est un bel exemple. Je ne dis pas qu’il faut garder ces grandes forteresses de béton intactes, mais dans un premier temps, il faut commencer par les comprendre. Afin de trouver des solutions pour corriger certains des problèmes qui étaient présents dès le départ, en occurrence, dans ce cas-ci, le manque de lumière naturelle. Un exemple intéressant de transformation de ce type d’architecture est le pavillon Decelles des Hautes Études commerciales sur le campus de l’Université de Montréal. Ses façades opaques en béton ont été percées de fenêtres. Maintenant il est beaucoup plus agréable d’y être à l’intérieur en raison de la lumière naturelle qui y pénètre. Je pense que l’apport du patrimoine dans le bien-être quotidien des personnes qui le fréquentent est important. Ce sont des aspects qui nous intéressent chez Héritage Montréal et, en définitive, qui sont à l’origine de sa mission. 

Ecole Polyvalente Louis-Joseph Papineau, Montréal
Polyvalente Louis-Joseph Papineau, 2020. © Martin Chamberland, La Presse. 

Les ArchitecTours sont un projet financé dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal conclue entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec.

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Taika Baillargeon
Taika Baillargeon

Taïka Baillargeon est Directrice adjointe aux politiques chez Héritage Montréal. Amoureuse des villes et des lettres, Taïka a complété une maitrise en littérature comparée et un doctorat en Études urbaines et touristiques. Elle a travaillé sur la reconstruction et la préservation du patrimoine bâti au lendemain de catastrophes humaines et naturelles, s’intéressant tout particulièrement au sens des lieux et aux espaces abandonnés en temps de crise. Dans les dernières années, Taïka a enseigné l’aménagement territorial ainsi que le tourisme. Parallèlement à sa pratique académique, elle a également travaillé comme consultante en recherche au sein du Collectif Villes Autrement (UQAM), qu’elle a d’ailleurs co-fondé. Dans ce contexte, elle a notamment collaboré avec Entremise, Manœuvre/Tour d’aiguillage, NOS architectes et Prével.

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2 commentaires
  1. Huguette Drouin dit :
    28 août 2020 à 7:53 PM

    Cet article est très intéressant. J’aIme les solutions qui sont proposées. Nous avons vraiment besoin d’une culture historique pour hier, aujourd’hui et demain qui prend soin de ses bâtiments. Je pense que la jeune génération est sensible à cela. J’ai étudié dans des bâtiments de la Congrégation de Notre-Dame, coin sud-est d’Atwater et Sherbrooke et boul. Westmount coin Claremont, j’espère beaucoup qu’ils seront conservés pour très longtemps. Des gens comme vous me donnent confiance.

    Répondre
  2. Marie-paule allard dit :
    28 août 2020 à 11:08 PM

    Bonjour moi je cherche le nom d’une école élémentaire qui existait au coins des rue pierre de Coubertin (nommé avant rue boyce ) et pierre tétreault à tetreautville en face du poste de police .
    Jaimerais bien retrouve son nom mon frère y la fréquenté ,beaucoup de personne de mon entourage te ma famille curieux de savoir le nom .merci à l’avance ,. Jai beaucoup aimé l’historique de ma ville .

    Répondre

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