Après Laure, Taïka et Amélie, nous vous présentons Mathieu Boisclair, chargé de projet pour la nouvelle plateforme Memento (anciennement appelée H-MTL). Découvrez son parcours, ses missions et plus dans l’entrevue ci-dessous!
Héritage Montréal et toi
Peux-tu te présenter rapidement (tes études, ton parcours…)?
J’ai complété un baccalauréat en architecture à l’Université Laval, une mineure en études urbaines à l’UQÀM et une scolarité de maîtrise en urbanisme à l’Université de Montréal. Mon mémoire est encore à rédiger et à déposer, et les sujets d’intérêt sont nombreux : patrimoine, artères commerciales et cœurs de quartiers, design urbain durable… ne reste qu’à faire mon choix!
En quoi consiste ton travail? Une journée “typique” chez Héritage Montréal?
En tant que chargé de projet pour la plateforme Memento, les journées chez Héritage Montréal se suivent mais ne se ressemblent pas. Toutefois, j’ai travaillé surtout au développement de Memento avec les différents partenaires qui œuvraient sur le projet, je m’occupe aussi de répondre aux demandes du public concernant les alertes citoyennes et, je vais continuer à promouvoir l’utilisation de Memento et à favoriser la collaboration entre les divers acteurs du patrimoine à l’échelle locale. Enfin, je serai appelé à aller davantage sur le terrain, à la rencontre des gens et des groupes citoyens qui cherchent à sauvegarder leur patrimoine local afin de les accompagner dans leurs démarches.
Qu’est-ce qui t’a inspiré à rejoindre Héritage Montréal?
La pertinence de l’œuvre et de la mission d’Héritage Montréal, au-delà du simple fait que c’est lié à ma formation académique. Je suivais déjà à distance les travaux et prises de position de l’organisme et j’avais envie de me joindre à l’équipe pour faire œuvre utile pour protéger et mettre en valeur le patrimoine bâti et paysager de la région métropolitaine.
Quel est ton circuit préféré des ArchitecTours?
Assurément celui qui nous a fait visiter le silo no.5 il y a une dizaine d’années. C’était franchement impressionnant d’entrer dans ce monstre de béton, témoin du passé industriel du Vieux-Port, qu’il faudrait (ré)apprendre à aimer et revaloriser.
Quelles activités ou contenus aimerais-tu créer à Héritage Montréal?
J’aimerais beaucoup démocratiser les outils d’urbanisme et les procédures du monde municipal en plus de sensibiliser le public à l’importance de la participation citoyenne. Beaucoup de gens ne savent pas quelles sont les tribunes auxquelles ils peuvent s’adresser, pour ne donner qu’un exemple. Le milieu municipal, bien qu’il soit le palier de gouvernement le plus près des citoyens, conserve encore aujourd’hui un caractère hermétique et je vois souvent des gens démunis devant ce qui se passe dans leur quartier alors que nous avons tous un rôle à jouer et que c’est plus simple qu’il n’y paraît. Suffit d’avoir un intérêt, bien entendu, et un minimum de curiosité.
Dans la logique où Memento veut accompagner et soutenir les démarches citoyennes pour protéger et mettre en valeur notre patrimoine collectif, il me semble approprié qu’Héritage Montréal, en partenariat avec les acteurs du milieu, contribue à conscientiser et outiller les citoyens pour qu’ils puissent s’exprimer sur les enjeux de leur milieu de vie.
La ville, l’ailleurs
Quel a été ton dernier coup de cœur pour un bâtiment/paysage à Montréal?
La promenade le long de la rivière des Prairies dans Ahuntsic-Cartierville et Montréal-Nord et le parc de l’île de la Visitation. Un lieu que je connaissais mal mais qui mérite d’être visité, tant pour les paysages que pour les maisons chargées d’histoire du boulevard Gouin.
Pour toi quels sont les enjeux actuels de la ville?
La pandémie a révélé le manque de résilience de notre métropole. Je suis d’avis qu’on devrait investir davantage dans le transport collectif structurant pour en faire la colonne vertébrale du développement métropolitain ; l’expansion du métro n’aurait jamais dû cesser pour augmenter la mobilité en ville. Aujourd’hui, on attend encore le prolongement de la ligne bleue, sujet d’actualité depuis la fin des années 1980. Enfin, faire plus de place aux cyclistes et aux piétons, bien que le Réseau Express Vélo (REV) est un pas dans la bonne direction.
Comment vois-tu la ville du futur? La ville idéale?
La ville du futur aura un grand rôle à jouer dans la lutte contre les changements climatiques dans les années à venir. Elle sera résiliente, verte et écoresponsable. Elle laissera une large place aux modes alternatifs de transport et les quartiers proposeront des lieux de rencontre, d’échange et d’achat de proximité pour les résidents. Je souhaite aussi une plus grande participation citoyenne aux enjeux urbains, politiques et autres.
Le patrimoine et toi
Quel est ton premier souvenir relié à l’architecture ou au patrimoine?
Je me souviens du sentiment d’immensité, de monumentalité la première fois que j’ai mis les pieds dans le Stade olympique alors que j’avais 7 ou 8 ans, lors d’un match des Expos. La visite de la tour et le point de vue unique sur le skyline montréalais n’a fait qu’augmenter ma fascination pour l’architecture, entretenue depuis toutes ces années.
Si tu étais un architecte, qui serais-tu?
Probablement Zaha Hadid (1950-2016), pour son esthétique non conventionnelle et percutante, combinant l’abstraction et la rigueur formelle pour créer des espaces et des volumétries aux géométries surprenantes et qui ne laissent personne indifférent. Sa firme d’architecture, associée à la firme québécoise Boutin Ramoisy Tremblay, a même été finaliste au concours international pour la Grande Bibliothèque du Québec.
As-tu un livre d’architecture, d’histoire, d’urbanisme ou de patrimoine à conseiller?
En architecture, l’ouvrage 101 petits secrets d’architecture qui font les grands projets de Matthew Frederick aux éditions Dunod est un petit bouquin destiné aux passionnés d’architecture pour mieux lire les espaces construits et comprendre les secrets derrière la composition d’un immeuble.
En urbanisme, le livre Streetfight. Handbook to an urban revolution de Janette Sadik-Khan. Elle retrace son passage au Department of Transportation de New York où elle a entamé un changement de paradigme dans l’utilisation de l’espace urbain en créant des espaces publics dans l’espace autrefois dédié à l’automobile. Par exemple, la transformation de Times Square en place publique est l’une de ses initiatives.
Enfin, en patrimoine, l’ouvrage de Martin Drouin, Le combat du patrimoine à Montréal (1973-2003) retrace les luttes ardentes autour de la notion de patrimoine et qui, aujourd’hui, nous permettent d’apprécier ces lieux et paysages qui font le charme montréalais.
Et enfin, dis-nous quelque chose sur toi que tes collègues d’HM ne savent pas ????
Plaisir assumé, j’adore le karaoké! Mes succès : « Tous les cris les S.O.S. » de Marie-Denise Pelletier (un classique!) et « Je voudrais voir la mer » de Michel Rivard. Enfin, je suis flûtiste amateur et, à 35 ans, je ne sais toujours pas nager!