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Histoire des cinémas de Montréal

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  • 23 novembre 2020
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  • 11 minutes de lecture

Au début du mois de novembre 2020, l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce a lancé une consultation publique sur l’avenir du théâtre Empress. Ce théâtre n’est pas le seul à avoir subi les dommages du temps et à devoir trouver de nouveaux usages. Nous vous proposons dans cet article un retour sur les cinémas de Montréal, de leur émergence à aujourd’hui.  

Des scopes aux palaces de quartier : émergence et prospérité du cinéma à Montréal 

Dès la fin du XIXe siècle, la culture du loisir et du divertissement s’immisce dans les villes, multipliant et diversifiant les lieux d’amusement. Parmi les nouveaux loisirs prisés figurent les « vues animées », ancien nom donné au cinéma et popularisé à Paris, en 1895, à la suite de l’invention des frères Lumière. Quelques mois plus tard, le 27 juin 1896, ces précurseurs font à Montréal la première projection de cinéma en Amérique du Nord dans l’Édifice Robillard. Mis à part cette première, les projections en salle demeurent marginales, les séances se déroulant majoritairement en plein air avec de projectionnistes ambulants, dans des parcs comme les parcs Sohmer, Dominion ou encore Riverside. Des projections sont également proposées pendant les entractes des vaudevilles et des autres pièces de théâtre populaires.

Photo : Édifice Robillard. © Archives de la Ville de Montréal, VM98-Y_1P018 

Il faut attendre le 1er janvier 1906 pour que soit construite la première salle de cinéma permanente au Canada : le Ouimetoscope, au coin des rues Sainte-Catherine et Montcalm. Tirant son nom de son fondateur, Léo-Ernest Ouimet, le Ouimetoscope inaugure l’ère des scopes à Montréal. Ces espaces prennent la forme de salle en longueur, peu décorée et peuvant accueillir de 200 à 400 sièges. 

Ainsi apparaissent, au fil des années, le Nationoscope, le Readoscope, le Bourgetoscope, ou encore le Mont-Royaloscope. Face à la concurrence, Léo-Ernest Ouimet démolit le Ouimetoscope et fait reconstruire en 1907, au même emplacement, un nouvel édifice qui abrite la toute première salle de projection de luxe en Amérique du Nord, avec une capacité de 1200 fauteuils. Montréal devient alors la première ville en Amérique du Nord à se doter d’un lieu de projection de plus de 1000 places.

Profitant de l’engouement nouveau pour le 7e art, les salles de spectacle et de théâtre projettent elles aussi de plus en plus de films, à l’instar du Monument National construit entre 1891 et 1893 par les architectes Maurice Perrault, Albert Mesnard et Joseph Venne. Cette association des arts de la scène et du cinéma donne alors naissance à une typologie de bâtiment nouvelle : les théâtres cinématographiques.  

Photo : Ouimetoscope, 1906. © Archives de la Ville de Montréal, VM6-R3153-2_1204E-036 

Aux scopes et théâtres cinématographiques succèdent, à partir des années 1910, les palaces et les super palaces, établissements de divertissement aménagés dans des édifices aux caractéristiques architecturales spécifiques et uniques. Conçus pour attirer les spectateurs depuis le trottoir, les palaces se démarquent par leur marquise lumineuse imposante et l’ornementation exubérante de leur façade. Les super palaces, quant à eux, peuvent accueillir un nombre encore plus grand de spectateurs, comme l’Impérial, ouvert le 13 avril 1913 sur la rue De Bleury. 

L'intérieur du cinéma Impérial, un des cinémas de Montréal
Photo : Cinéma Impérial. © Bibliothèque et Archives Canada /MISA3938 

Le Loew’s, ouvert en 1917, appartenait également à cette catégorie et demeure la plus grande salle de cinéma au Canada jusque dans les années 1960. Le Laurier Palace, construit en 1912 sur la rue Sainte-Catherine Est, dans Hochelaga-Maisonneuve, passa quant à lui rapidement à la postérité, suite à un incendie tragique en 1927 qui causa la mort de 78 enfants. Cet événement vint alors renforcer les condamnations du clergé à l’encontre du cinéma, considéré comme un loisir malsain et de débauche. La ferveur pour le cinéma à Montréal n’en fut pas pour autant diminuée. 

Photo : Cinéma Loews. © Collection Cinémathèque québécoise, 1999_0580_PH_07 

Montréal est, à l’époque, la seule ville en Amérique du Nord à ouvrir ses salles de projection le dimanche. La popularité grandissante du cinéma motive l’ouverture de nouvelles salles dans les anciens faubourgs sous le nom de « palace de quartier ». Parmi ceux-ci, on compte le théâtre Saint-Denis (1916), le théâtre Rivoli (1926) ou encore le Papineau (1921) qui affichait comme slogan « Tout le luxe des théâtres du bas de la ville près de chez vous ». Les populations ouvrières disposent ainsi de lieux de divertissement d’une qualité semblable à ceux des habitants du centre; l’ensemble des théâtres et des palaces tissent un réseau large à travers la ville : l’âge d’or du cinéma s’annonce à l’aube des années 1930. 

L’âge d’or des cinémas de Montréal

Photo : Théâtre Empress © http://cinematreasures.org/ 

En 1937, le cinéma vit son âge d’or dans la métropole. On compte alors 59 salles de cinéma à Montréal, chacune étant le témoin de l’époque par son architecture, tant intérieure qu’extérieure. Le tape-à-l’œil de la façade n’a d’égal que la richesse des décors intérieurs, œuvres pour la majorité d’entre elles de l’artiste-décorateur  Emmanuel Briffa (1875-1955). Ce dernier est l’auteur des décors de pas moins de 150 salles en Amérique du Nord!  

Parmi ses grandes œuvres montréalaises, on compte le théâtre Rialto (1924), dont les remarquables décors évoquent une ambiance baroque mêlant dorure, vitraux, marbres et boiseries – le tout en peinture, plâtre et faux finis! -, le théâtre Empress (1929) et le théâtre Outremont (1929). Ces deux derniers sont dits « atmosphériques » en référence aux projections de ciel étoilé ou de nuage au plafond, et aux architectures et cours peints en trompe-l’œil sur les murs latéraux, et dont le style fut prisé entre 1927 et 1931. Briffa a également décoré de manière remarquable le théâtre Le Château (1931) sur la rue Saint-Denis et le théâtre Snowdon (1937) sur le boulevard Décarie, tous deux de style Art déco. 

Photo : Théâtre Outremont © Théâtre Outremont 

Les salles de cinéma s’essoufflent

L’attrait pour ces décors de palace, marqués par la richesse et la surabondance, finit par s’essouffler au profit de salles de quartier moins exubérantes. L’année 1938 marque d’ailleurs l’année de la construction du dernier palace, le York, de style Art déco, lui aussi décoré par Briffa. Ainsi, durant une dizaine d’années encore, alors que l’engouement pour le cinéma se prolonge, de nouvelles salles de quartier ouvrent, reflétant une image plus populiste du cinéma. En 1952, les innovations technologiques prennent le dessus sur les projections sur grands écrans, avec l’arrivée de la télévision dans les foyers. Dès lors, les salles publiques voient leur fréquentation diminuer et plusieurs d’entre elles sont dans l’obligation de fermer leurs portes.

Pour assurer leur maintien, les salles de spectacle usent de plusieurs stratégies : perfectionnement des systèmes de son et d’image et réorientation de la programmation notamment. C’est ainsi que la période du cinéma d’art et d’essai et du cinéma érotique s’amorce. Ainsi, le théâtre Regent, sur l’avenue du Parc, construit en 1915, selon les plans de l’architecte Daniel John Crighton, se tourne d’abord vers la communauté grecque dans les années 1960, avant de devenir, à partir de 1973, un cinéma érotique sous le nom de cinéma Beaver. En 1986, pour quelques mois, le théâtre prend le nom de Laurier et présente des films de répertoire. La programmation du théâtre Outremont se tourne, dans les mêmes années, vers des films de répertoire et propose des concerts de musique en présence d’artistes québécois. 

La multitude d’efforts entrepris ne suffit malheureusement pas toujours et bon nombre des cinémas, qui avaient fait la renommée de Montréal dans la première moitié du XXe siècle, disparaissent ou sont défigurés pour laisser place à de nouveaux usages. Dans ce deuxième cas, leur présence ne se révèle qu’aux passants curieux capables d’élever le regard au-dessus des enseignes modernes. 

Les théâtres et palaces cinématographiques aujourd’hui: entre disparition, transformation et renaissance 

Photo : Cinéma Beaubien © Dd Photographie 

Les témoins de l’âge d’or du cinéma à Montréal ont beaucoup souffert de la baisse de fréquentation des salles de projection dans la seconde moitié du XXe siècle. Plusieurs théâtres et palaces cinématographiques désaffectés furent détruits pour laisser place à de nouvelles constructions faisant bien souvent fi du passé du site. Ainsi en est-il des cinémas Strand, York ou encore Séville, respectivement détruit en 1973, 2001 et 2010. D’autres édifices, plus chanceux, furent transformés pour abriter de nouvelles vocations.  

Le théâtre Regent par exemple, ferme ses portes en 1988. Son nouveau propriétaire détruit rapidement les décors intérieurs (réalisés par Hubert B. Tomkins) afin d’éviter un classement patrimonial. La librairie Renaud-Bray s’y installe en 1993. Sa façade toute en verticalité et recouverte de céramique blanche fut conservée et rappelle aujourd’hui le passé de l’édifice.  

Le théâtre Rivoli, ouvert en 1926, fut lui aussi transformé dans les années 1980 en commerce, ses décors majestueux et ses mille sièges laissant alors place à des allées de marchandises éclairées au néon. Dans le cas du théâtre Papineau, ouvert en 1921 sur l’avenue Papineau près de l’avenue Mont-Royal et conçu par l’architecte Crighton, quelques décors intérieurs, en particulier les moulures, furent conservés partiellement malgré un changement de vocation majeur du site. Accueillant pendant plusieurs années une salle de bingo, il est transformé en 2013 en site d’escalade offrant dès lors aux grimpeurs ayant atteint le haut des voies une vue inédite sur les décors en plâtre rappelant le faste de ses décors anciens. 

Photo : Cinéma Empress © Cinéma NDG 

Aux côtés de ces transformations plus ou moins heureuses figure également la réhabilitation de plusieurs cinémas en salle de spectacle ou de location pour des événements privés. Parmi les plus notables, mentionnons le théâtre Rialto, un ancien palace de quartier construit entre 1923 et 1924 par Joseph-Raoul Gariépy. Cessant ses activités cinématographiques en 1988, ce lieu connaît plusieurs vocations avant d’être racheté en 2010 par Ezio Carosielli, qui entreprend alors de le restaurer pour en faire un lieu culturel et de spectacle notamment accessible en location aux groupes privés ou organismes. Les décors intérieurs et extérieurs retrouvent ainsi leur lustre d’antan, redonnant ses lettres de noblesse à cet édifice bénéficiant d’un statut de reconnaissance triple, étant cité monument historique par la Ville de Montréal en 1988, classé immeuble patrimonial par le ministère en 1990 et désigné Lieu historique national en 1993. L’exemplarité de cette reconversion, qui contribue au dynamisme culturel du quartier du Mile-End, est d’ailleurs soulignée par l’une de nos InspirActions. 

Le théâtre Corona, ancien cinéma Family ouvert en 1912, constitue un autre exemple de réhabilitation d’un palace en lieu de création et de diffusion des arts de la scène, également offert en location ponctuellement. Racheté par l’organisme à but non lucratif des Arts de la scène en 1997, il fait l’objet de deux phases de restauration : à la fin des années 1990 et entre 2003 et 2004. Reconnu en 2001, il est classé immeuble patrimonial en 2012, suite à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le patrimoine. Lieu culturel majeur de la rue Notre-Dame Ouest, dans l’arrondissement du Sud-Ouest, il abriterait l’un des derniers comptoirs d’accueil en bois, remontant à l’époque où il constituait l’un des palaces de Montréal. Le théâtre Granada – ouvert en 1929 et rebaptisé Denise-Pelletier à la fin des années 1990 – constitue aussi un cas de réhabilitation, animant aujourd’hui la vie culturelle et théâtrale du quartier Hochelaga-Maisonneuve. 

Un des cinémas de Montréal, le Cinéma impérial
Photo : Cinéma Impérial, vue extérieure avec les titres des films «Cat Women of the Moon» et «Monster from the Ocean Floor» sur la marquise, vers 1954, © Cinéma Impérial

À ces succès de réhabilitation s’ajoutent encore les lieux de projections historiques ayant prolongé leurs activités jusqu’à nos jours comme le théâtre Outremont. Construit en 1929 par l’architecte René Charbonneau et décoré par Briffa, ce théâtre d’inspiration Art déco n’a cessé de proposer spectacles et projections, tout en adaptant sa programmation. Le bâtiment est d’ailleurs cité par la Ville de Montréal (1987), classé par le Ministère de la Culture et des Communications (1994) et désigné Lieu historique national (1993).

Il en est de même pour le cinéma Impérial, qui propose depuis son ouverture en 1913 une programmation de représentation et de projection. Le bâtiment est classé immeuble patrimonial en 2012 par le gouvernement québécois. En 2017, la compagnie Québecor s’est impliqué pour financer l’entretien et les rénovations du théâtre pour assurer sa pérennité comme lieu de diffusion. Enfin, le cinéma Beaubien, cinéma de quartier d’une autre génération, comble les cinéphiles depuis son inauguration en 1937.  

Les théâtres et palaces cinématographiques sont encore bien présents dans le paysage montréalais, même si leurs conditions de conservation souffrent de disparités majeures d’un édifice à l’autre. L’avenir de plusieurs lieux de projection de l’âge d’or du cinéma à Montréal est encore incertain, qu’on pense au théâtre Snowdon dont seulement la façade sera conservée dans un nouveau projet de condominium ou au théâtre Empress dont l’avenir se dessine en ce moment. Plusieurs des cinémas présentés dans ce billet figurent sur notre plateforme Memento et n’attendant que vos idées et projets de mobilisation pour les faire renaître dans le paysage urbain montréalais!


Un merci particulier à Justin Bur pour la relecture de cet article.  

Cet article a été publié pour la première fois en 2017 puis 2019 dans le cadre du 90e anniversaire du théâtre Outremont. À cette occasion, nous avions présenté des visites spéciales organisées en partenariat avec le théâtre. 

Sources / pour en savoir plus :  

  • Manon DUMAIS, «L’esthétique d’Emmanuel Briffa», Le Devoir, 27 septembre 2016.  
  • Jérôme LABRECQUE, «Emmanuel Briffa, l’homme des théâtres», revue Continuité, no.129, été 2011, https://id.erudit.org/iderudit/64381ac
  • Pierre PAGEAU, «Cinémas d’après-guerre», revue Continuité, no.129, été 2011, https://id.erudit.org/iderudit/64383ac
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